dimanche 9 décembre 2012

Wherever you go, I'll be there beside you.

Je n'ai pas donné le moindre signe de vie de la semaine, pas parce que je vous snobe ou que je vous oublie, juste que je pensais être trop mal pour écrire. Mais la vérité, c'est que cette semaine ce n'était juste pas la grande forme, une période un peu déprimante avec des mauvaises nouvelles & crasses à la chaîne, mais rien qui n'ait réellement changé le cours de ma vie. Certains objectifs ont du être modifiés certes, mais ces modifications n'avaient rien d'irrévocable, de fatidique. 
Mais aujourd'hui, une nouvelle m'a fait comprendre que jusqu'alors, mes problèmes & déceptions n'étaient en fait.. que des déceptions. De quoi faire perdre le sourire, ternir les espoirs, mais il n'y avait aucun point final, aucun changement majeur du cours de mon existence. En revanche, j'ai appris il y a seulement quelques heures qu'un point final n'allait pas tarder à conclure un chapitre de ma vie. & ça, ce n'est pas un problème, pas une déception. C'est une véritable déchirure, de celles qui vous donnent l'impression que des griffes acérées viennent de percer votre poitrine pour se saisir de votre coeur, le serrant d'une poigne de fer pendant un moment avant de vous l'arracher. Une déchirure que rien ne pourrait soulager. On va m'enlever Fils. J'avais des projets, des espoirs, des rêves fondés sur lui, je n'envisageais mon avenir qu'à ses côtés. & sans rien me dire, sans me prévenir ou me faire le moindre signe, on va me l'enlever. 
Aujourd'hui je comprends que ce n'était pas le fait "d'être mal" qui m'empêchait d'écrire, c'était juste une sorte de lassitude de ma vie en général. Parce qu'à l'heure actuelle, ce soir, je suis mal, j'ai mal, j'ai l'impression qu'on vient de me priver d'une partie de moi-même, d'arracher les pages des prochains chapitres du livre de ma vie. & j'ai besoin de l'écrire ici, parce que je n'arrive plus à exprimer quoi que ce soit autrement. 
Je ne sais plus si c'était en 2003 ou en 2004 qu'il est entré dans ma vie, j'me rappelle que j'avais été, à l'époque, l'une des premières à l'avoir monté. & même si je n'en garde pas de souvenirs précis, je me rappelle que le courant était directement passé. Je peux m'en rappeler à travers les lettres que je retrouve, à travers mon ancien journal intime de l'époque, ou encore à travers les photos de Fils collées dans mon agenda de cinquième. Avec le temps j'ai évolué, grandi, je me suis éloignée, j'ai oublié, puis je suis revenue, & il était là. Toujours encore. C'est lui qui a su me redonner confiance en moi dans les moments où j'avais envie de tout lâcher, lui qui m'a permis de voir plus loin, plus haut, qui m'a permis de voler, de planer. A mes yeux il n'était pas la brebis galeuse du troupeau, ce cheval agressif et antipathique à mille lieues des dociles bêtes de club. Il était celui que j'avais apprivoisé, qui m'avait apprivoisée. & il n'avait pas suffit de quelques carottes & de quelques caresses pour gagner le respect de cet animal. J'ai mêlé patience, tendresse, fermeté, compréhension, & cela pendant des heures, des mois, des années. 
Apprendre aujourd'hui, comme ça, qu'il allait partir, qu'on allait me l'enlever.. ça a eu l'effet d'une massue sur moi. J'ai été assommée par la nouvelle, littéralement, je ne comprenais plus rien, je savais juste que le jour où quelqu'un viendrait pour le chercher, j'aimerais être là, barrer l'entrée de son box & ne laisser personne d'autre l'approcher. C'est clair que ma priorité, c'est qu'il soit heureux. Mais je ne supporterais pas de savoir qu'il est loin de moi, que je ne peux plus le voir, l'approcher, le monter, passer des heures avec lui. & à vrai dire pour le moment je ne sais rien de l'endroit où il y ira, j'ai été tout bonnement incapable de poser la question à qui que ce soit, ma gorge était trop nouée, les larmes prêtes à dévaler mes joues. Je ne pouvais plus articuler le moindre mot dans ces conditions. Je ne savais pas si je devais partir, ne plus le regarder jusqu'à ce qu'il soit parti, ou si je devais passer chacun des moments restants - plus précieux que jamais maintenant qu'ils nous étaient comptés - en sa compagnie, à profiter de sa présence jusqu'au dernier jour. J'ai évidemment opté pour la deuxième option, je m'en veux déjà suffisamment de ne pas être allée le voir la semaine passée. Je veux profiter, savourer notre complicité jusqu'au dernier instant. J'essaye de ne pas y penser, mais c'est impossible. 
Maintenant, je ne sais plus à quoi va ressembler mon avenir s'il n'est plus là. Je ne sais plus si j'ai encore envie de retourner dans ce centre équestre, si j'ai envie de tisser à nouveau un lien avec un autre cheval. Je m'étais toujours imaginée rester auprès de Fils jusqu'à la fin, jusqu'à ses derniers jours. Je n'avais pas réussi à admettre qu'il puisse en être autrement en fait. Il pourrait vivre dix ans encore, peut-être même plus, il aurait pu connaître mes enfants, j'aurais pu leur transmettre le virus équin à travers lui. Je m'en veux d'avoir tellement rêvé, même si je gardais les pieds sur Terre je ne pouvais pas m'empêcher ce à quoi ressemblerait ma vie s'il était pour toujours à mes côtés. Il n'était concevable que je m'attache à ce point à un autre cheval seulement une fois que Fils serait parti. J'imaginais avoir encore de longues années devant moi, devant nous. Mais aujourd'hui, la claque, & la seule chose dont je suis certaine, c'est que je ne supporterais pas de le perdre. Quand ça n'allait pas pour une raison x ou y, ma seule motivation pour garder la tête levée était de savoir qu'il était là, quelque part, que j'allais le retrouver bientôt. Il était le seul à pouvoir me remonter le moral, à me faire sourire quand tout foutait le camp. C'est aujourd'hui que je me suis rendue compte qu'il était, depuis des années, la seule valeur sûre dans ma vie. Plus qu'un copain, qu'une amourette, j'ai réussi à me relever de toutes les ruptures sentimentales ou amicales qui ont marqué ces dernières années. Mais le perdre lui, le voir s'en aller serait pire que tout. Alors cette semaine, ce sera lui&moi. Il faut qu'il sache, qu'il sente à quel point il est formidable à mes yeux. & irremplaçable. Ca, je suis prête à le lui promettre sur ma propre vie. Il faudra des années avant qu'un cheval n'occupe à nouveau une telle place dans ma vie, si tout du moins cela arrive un jour. Je pense que ça, seuls les cavaliers peuvent en attester. La complicité qui lie un cheval à son cavalier n'est comparable à rien d'autre, & j'aime à croire que la notre avait un cachet spécial, sans doute dû au fait qu'il paraissait si indomptable au premier abord. Peut-être que cela vous paraît absurde, mais je pense que Fils est à mes yeux.. un peu comme un fils, en fait. Un être que j'aurais aimé, chéri, élevé, aidé, épaulé, à qui j'aurais montré le chemin à suivre, qui m'aurait respectée & écoutée. Quoi qu'il puisse arriver, qu'importe la manière dont évoluera notre histoire, il sera le premier cheval à qui j'aurais tant donné, qui m'aura tant donné. & son nom restera toujours quelque part, à portée de mon coeur, juste pour que je me rappelle les leçons qu'il m'a données. Courage. Loyauté. Confiance. Respect. Il est bien plus qu'un simple cheval.


  I had a dream of the wide open prairie
I had a dream of the pale morning sky
I had a dream that we flew on golden wings
And we were the same - just the same - you and I
Follow your heart, little child of the west wind
Follow the voice that's calling you home
Follow your dreams, but always remember me
I am your brother - under the sun

We are like birds of a feather
We are two hearts joined together
We will be forever as one

My brother under the sun

Wherever you hear the wind in the canyon
Wherever you see the buffalo run
Wherever you go, I'll be there beside you
'Cause you are my brother, my brother under the sun

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