Tu me manques, un peu plus tous les jours. J'ai l'impression qu'on m'a enlevé une partie de moi, et que ce vide ne fait que s'amplifier au fil du temps. Ca ne fait qu'un mois, mais je ne crois pas que j'arriverai à accepter, en tout cas pas tant que je n'aurai pas de nouvelles de toi. Je ne sais ni comment tu vas, ni à quoi ressemblent les gens que tu vois maintenant tous les jours, je ne sais plus rien. J'aurais aimé que la vie soit différente, que nos chemins puissent ne former qu'un. J'aurais voulu te voir tous les jours, et j'ai beau avoir des projets aujourd'hui, je ne les aurais pas regrettés si j'avais pu te garder près de moi.
Tu me manques, et je n'oublie pas, je n'oublie rien.
Je n'ai monté que trois fois depuis son départ, parce qu'il me fallait
du temps pour accepter le fait que ce ne sera plus lui, que ce ne sera
sans doute plus jamais lui. C'est dur, à chaque fois j'ai ce noeud dans
la gorge qui revient, les larmes qui montent aux yeux quand je sens que
la pression sur le mors ou les foulées ne sont pas les mêmes. On dit souvent qu'avec le temps, on arrive à ne se rappeler que les bons souvenirs, et qu'un sourire se substitue aux larmes. La blessure doit être trop fraîche alors, parce que j'ai beau sourire en pensant à lui, les larmes sont toujours là. Et lui ne l'est plus. J'ai sans doute passé plus de temps sur son dos et dans son box qu'en compagnie de tous les autres chevaux que j'ai pu côtoyer. J'en ai aimé, des chevaux, et je sais que j'en aimerai encore. Mais aucun ne lui ressemblait, aucun attachement ne ressemblait à celui que j'avais pour lui. Et quoi qu'il puisse arriver par la suite, quels que soient les chevaux qui croiseront ma route dans le futur, je sais que je ne l'oublierai jamais. Qu'il n'arrêtera jamais de me manquer, que je ne cesserai jamais de l'aimer. Après tout ce qu'on a partagé, tout ce qu'il m'a apporté, c'est une certitude. Sa seule présence m'était plus réconfortante que tous les mots gentils du monde.
Et plus que tout, j'espère que je pourrai le revoir. Glisser une dernière fois mes doigts sur le haut de son chanfrein et derrière ses oreilles, là où le duvet était le plus doux. Passer mes doigts entre ses crins. Plonger mon regard dans ses yeux sombres. Lui parler, lui dire encore à quel point il est important pour moi. Avoir droit à de véritables au revoir...
A toi Fils, sans le moindre doute le cheval le plus extraordinaire qui ait pu croiser ma route... Sache que je t'emmènerai partout avec moi.